Le Sénat dit non aux langues régionales

Le 22 mai, l’Assemblée nationale avait décidé à la quasi-unanimité d’ajouter au premier article de la Constitution une phrase stipulant que “les langues régionales appartiennent au patrimoine” de la Nation. Mais les sénateurs, par 216 voix contre 103, ont adopté un amendement supprimant la référence aux langues régionales que les députés avaient ajoutée au texte initial.

La majorité UMP mais aussi les centristes, les communistes, les radicaux – dont l’ancien PS Michel Charasse – et quelques sénateurs PS, comme Robert Badinter ou Jean-Luc Mélenchon, ont voté la suppression. La majorité du PS, les Verts et quelques UMP ont en revanche voté contre. “Nos enfants parlent texto, il faut renforcer le français et ce n’est pas en faisant appel aux langues régionales”, a déclaré Jean-Pierre Fourcade (UMP). Patrice Gelard (UMP) s’est inquiété de “retrouver demain la franc-maçonnerie, les cathédrales, le christianisme dans le patrimoine national”. Et pourquoi pas “la potée auvergnate” comme monument historique, a ironisé Michel Charasse, refusant comme Robert Badinter que la Constitution soit “un catalogue de richesses culturelles”.

L’Académie française s’est également inquiétée de la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution. S’ils ne contestent pas l’importance des langues régionales, les académiciens s’interrogent sur “cette apparition soudaine dans la Constitution”, et contestent en particulier la primauté donnée aux langues régionales, désormais inscrites dans l’article 1 de la Constitution alors que la langue française reste mentionnée dans l’article 2. “Il nous paraît que placer les langues régionales de France avant la langue de la République est un défi à la simple logique, un déni de la République, une confusion du principe constitutif de la Nation et de l’objet d’une politique”, écrivent-ils.

Selon vous, cet amendement était-il utile ? Etait-ce maladroit de vouloir le placer dès l’article 1 de la Constitution ? N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires.

3 Comments on “Le Sénat dit non aux langues régionales”

  1. une langue n’est d’abord parlée. C’est peut être une evidence mais il me semble que dans cette affaire l’on veuille faire renaître des “langues” qui ne sont plus plus parlées à la maison. Moi qui suit Ch’ti, je peux dire qu’il n’existe pas une langue ch’ti mais plusieurs patois locaux…Alors cette ajout a la constitution ne peut que contribuer à des frustrations regionales plutôt qu’à souder un pays qui en a besoin.

  2. Autant les reactions des senateurs sont d’un autre age, autant la remarque de l’Academie Francaise est judicieuse. Mettre cette phrase dans l’article I, avant la reference a la langue francaises elle-meme, est maladroit. Mais amha cela ne devrait pas remettre en question cet ajout. Il est plus que temps que la France, soi-disant patrie des Droits de l’Homme, reconnaisse ses langues regionales.

  3. Je ne suis pas pour la suppression de la référence aux langues régionales qui je pense font vraiment partie du patrimoine français. En revanche, cela n’empêche pas, et je pense en effet, qu’il serait bien de se concentrer sur la langue française et de faire tous les efforts possibles pour permettre non seulement aux jeunes mais aussi à bien des adultes, d’améliorer leur français : pas seulement en empêchant que le français se réduise à une « langue texto » et en renforçant les bases mêmes de la langue, mais en lui rendant « un peu » plus de dignité. Il serait grand temps entre autres de mettre un frein à la « médiatisation de la vulgarité ». Notre langue est envahie et polluée par tant de vulgarités devenues si communes, si banales …!, que l’on retrouve dans si couramment dans des films, séries, émissions télévisées, etc., et qui ne font que contribuer à la dégradation et l’appauvrissement de la langue … et de bien des esprits !

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