ROUSSEAU St�phane
U.E. F4 612 - Probl�matique de l'enseignement/apprentissage d'une langue �trang�re
M�moire dirig� par R�my PORQUIER
Université Paris X Nanterre - 1997/1998

 

2. CARACTÉRISTIQUES DES COURS PARTICULIERS, HYPOTHÈSES ET INTERROGATIONS

 

Réfléchir à la situation des cours particuliers dans le processus d'enseignement/ apprentissage d'une langue étrangère nous a conduits à évoquer quelques caractéristiques des cours particuliers (raisons d'un recours à ce système, avantages de telle formule par rapport à telle autre, etc.) et à soulever un certain nombre de problèmes (qualification des étudiants-enseignants, tarifs, etc.).

Le but de cette deuxième partie est de poursuivre l'analyse, dans le but de dégager des hypothèses, que nous testerons dans notre troisième partie, au moyen de questionnaires distribués à des apprenants et à des enseignants, et des interrogations, auxquelles ces mêmes questionnaires tenteront d'apporter des réponses.

 

2.1. Au niveau de l'apprentissage

2.1.1. Une solution avantageuse

Ce qui caractérise un cours particulier, c'est la recherche par l'apprenant d'un enseignement personnalisé, réalisé sur mesure et suivant son propre rythme, tout en s'inscrivant dans un cadre relativement simple (il n'est pas difficile en effet de trouver un enseignant particulier, on peut dire à cet égard que les cours particuliers représentent une solution commode, pratique). Certains craignent peut-être aussi de ne pas pouvoir suivre le rythme d'un groupe, ou de ne pas tirer pleinement parti d'un enseignement collectif. On peut par exemple considérer qu'il est parfois plus difficile de prendre la parole en groupe, un apprenant pouvant ressentir une certaine timidité.

à HA1 : les apprenants recherchent avant tout un enseignement personnalisé.

à HA2 : les cours particuliers représentent une solution pratique.

à HA3 : il est parfois plus difficile de prendre la parole lors d'un enseignement collectif, un apprenant pouvant être intimidé.

Outre la recherche d'un enseignement personnalisé, les cours particuliers présentent l'avantage de permettre une certaine flexibilité, au niveau des horaires, par exemple, aussi bien dans le domaine informel que dans le domaine institutionnel. La particularité des cours informels, cependant, est que le paiement des cours s'effectue la plupart du temps au coup par coup, ces cours ne nécessitent donc pas un engagement financier sur une longue période. En outre, les séances, puisqu'elles n'impliquent en tout et pour tout que deux personnes, peuvent facilement être annulés ou reportés.

à HA4 : le paiement des cours informels s'effectue au coup par coup.

à HA5 : les cours peuvent facilement être annulés ou reportés.

Le succès des cours particuliers semble également tenir au fait qu'ils représentent une solution qui paraît s'imposer. Qu'il s'agisse d'un salarié à former en vue d'un séjour à vocation professionnelle, ou d'un élève dont les parents souhaitent voir remonter le niveau en langue, il semble que peu d'autres solutions, du moins peu de solutions équivalentes, entrent en concurrence dans l'esprit des apprenants. Si l'entreprise a les moyens et qu'elle doit former un salarié de manière urgente et efficace, elle n'hésitera pas à recourir à ce système. Les parents d'un élève, eux, se retrouvent souvent démunis. Ils peuvent envisager l'achat d'un séjour linguistique ou des cours en école de langue, mais la flexibilité qu'offrent des cours particuliers de type informel et le faible engagement financier qu'ils nécessitent au départ l'emportent souvent. A ce titre, on peut même considérer qu'il y a de grands consommateurs de cours particuliers, pour qui ce système représente l'unique solution envisageable, certains diront une solution de facilité.

à HA6 : avant de prendre des cours particuliers, les apprenants n'ont pas envisagé une autre solution.

à HA7 : une part de ceux qui prennent des cours particuliers de langue étrangère ont déjà l'expérience de cours particuliers dans d'autres domaines.

à HA8 : les cours particuliers peuvent être perçus comme une solution de facilité.

Le succès d'un enseignement particulier, enfin, repose sur les bons rapports entretenus entre l'enseignant et l'apprenant. György Kiss a mené une enquête sur l'acquisition du français en milieu francophone par une adulte hungarophone (Acquisition et utilisation du français par une hungarophone, un cas d'acquisition mixte, 1991) à travers des cours particuliers qu'il donnait à cette personne. Lui-même hungarophone, il confirme :

"- l'effet favorable de l'acquisition mixte dans un milieu guidé (cadre de communication exolingue) ayant facilité une explication plus rapide des difficultés (compétence manquante ou mal maîtrisée) ; de ce point de vue, la LM et la culture commune ont certainement joué un rôle considérable. Ajoutons-y les avantages d'un cours privé, cadre dans lequel une préoccupation accrue est portée à l'élève unique, permettant d'assurer un lien humain aidant à dissoudre les inhibitions. A l'appui de cela : aucun échec communicatif n'a été enregistré à cause d'un sujet tabou ou insultant."

L'important est donc bien que le "courant passe", c'est la raison pour laquelle, s'il est facile de se mettre en relation avec un enseignant particulier, il est en revanche plus difficile de trouver une personne avec qui l'apprenant s'entendra sur le plan humain. A l'inverse, le revers de la médaille de cette exigence peut impliquer des rapports parfois trop intimes, ou manquant d'une certaine distance.

à HA9 : il est primordial que le courant passe entre l'apprenant et l'enseignant.

à HA10 : il est difficile de trouver un bon enseignant particulier.

à HA11 : le rapport avec un enseignant particulier manque parfois d'une certaine distance.

Il est d'autant plus difficile de trouver un bon enseignant particulier qu'il faut encore s'assurer de sa qualification. Outre les enseignants professionnels ou les enseignants amateurs ayant été sélectionnés par un organisme intermédiaire, il est en effet difficile de juger des compétences d'un enseignant particulier amateur, comme un étudiant ou un locuteur natif dont l'enseignement ne serait pas la profession. Le problème n'est pas anodin, outre certains risques sur le plan linguistique ou communicatif, les cours particuliers représentent un investissement sur le plan financier (nous tenterons d'obtenir des informations sur les tarifs pratiqués, voir IA1, par exemple, tout en vérifiant la perception qu'ont les apprenants de ces tarifs, voir HA14).

Nous avons déjà abordé le problème de la qualification des enseignants (voir page 10), en présentant une version pessimiste et une version optimiste des choses. Nous testerons auprès des apprenants des hypothèses quelque peu pessimistes :

à HA12 : certains s'improvisent enseignants particuliers mais n'ont pas la qualification requise.

à HA13 : certains enseignants particuliers ont des motivations essentiellement financières.

à HA14 : les cours particuliers sont chers.

Une dernière série d'hypothèses peut être émise concernant les objectifs des apprenants. On peut en effet considérer que l'on recoure à un enseignement particulier dans un but précis, parfois de manière complémentaire avec une situation d'apprentissage guidé (comme par exemple l'école), ou une situation d'acquisition (comme lors d'un séjour à l'étranger).

à HA15 : les apprenants ont un but précis.

à HA16 : les cours particuliers sont souvent un complément d'apprentissage.

 

2.1.2. De nombreuses interrogations

Outre les hypothèses que nous avons pu émettre, de nombreuses interrogations subsistent, concernant les tarifs pratiqués, le nombre d'heures par semaine ou par mois consacrées par les apprenants à ces cours particuliers, la durée moyenne de la période pendant laquelle se déroule un enseignement, etc.

Sans prétendre apporter des réponses exploitables sur le plan statistique (il faudrait, pour ce faire, mener une étude sur un échantillon de population à la fois important et représentatif), notre "questionnaire apprenant" intégrera ces interrogations :

à IA1 : quel est le tarif moyen d'un cours particulier ?

à IA2 : quelle est la durée moyenne de la période pendant laquelle un enseignement se déroule ?

à IA3 : combien d'heures par semaine ou par mois un apprenant consacre-t-il à un enseignement particulier ?

On peut également se demander qui sont les enseignants, s'ils se déplacent au domicile de l'apprenant, ou encore par quel moyen, par quel type de réseau on peut entrer en relation avec eux.

à IA4 : qui est l'enseignant ?

à IA5 : où se déroulent les cours ?

à IA6 : comment entre-t-on en relation avec un enseignant particulier ?

Au niveau du cours lui-même, il serait également intéressant de savoir comment sont définis les objectifs, si l'apprenant bénéficie d'un entretien préalable à cet égard, quels sont les aspects traités dans le cours (compréhension, expression écrites ou orales), ou encore si l'enseignant s'exprime dans la langue cible.

à IA7 : l'enseignant accorde-t-il un entretien préalable permettant de définir des objectifs ?

à IA8 : quels sont les aspects traités dans le cours ?

à IA9 : l'enseignant s'exprime-t-il dans la langue cible ?

Au niveau de la méthode, on peut s'interroger sur le type de matériel utilisé par l'enseignant. Dans le cadre d'un cours informel et si l'enseignant se déplace au domicile de l'apprenant, il paraît en effet délicat de recourir à un certain nombre de supports (enregistrements audio ou vidéo, supports informatiques...). Si l'apprenant est un élève (un collégien ou un lycéen), il est intéressant de savoir si l'enseignant utilise le matériel de l'élève ou non, et s'il lui donne des tâches personnelles à effectuer d'un cours sur l'autre. Cela amène à se poser la question de la gestion d'une situation d'enseignement/apprentissage complémentaire, dans laquelle l'enseignant particulier peut se retrouver en porte-à-faux. Nous y reviendrons dans notre partie 2.2, consacrée à l'enseignant.

à IA10 : l'enseignant utilise-t-il son propre matériel ou le matériel de l'apprenant ?

à IA11 : quel type de support l'enseignant utilise-t-il ?

à IA12 : l'apprenant a-t-il un cahier ou un support équivalent spécialement réservé au cours particulier ?

à IA13 : l'apprenant a-t-il des tâches personnelles à effectuer d'un cours à l'autre ?

Nous pourrions enfin nous intéresser au regard que portent les apprenants sur les cours particuliers. Les jugent-ils efficaces ? Que pensent-ils de ce système ?

à IA14 : l'apprenant a-t-il le sentiment d'avoir fait des progrès dans la langue étudiée ?

à IA15 : l'apprenant a-t-il le sentiment d'avoir atteint les objectifs qu'il s'était fixés ?

à IA16 : quel est le principal reproche qu'un apprenant ferait au système des cours particuliers ?

à IA17 : l'apprenant souhaite-t-il faire des remarques ou des commentaires, apporter des précisions par rapport à sa situation, nous communiquer une anecdote, etc. ?

 

2.1.3. La situation des entreprises

Les éléments que nous venons de dégager s'appliquent essentiellement au domaine informel, qui suscite beaucoup d'intérêt car on en sait justement peu sur la question. Au niveau des entreprises, la question qui se pose est de savoir ce qui justifie l'investissement colossal que suppose le recours à des cours particuliers de langue étrangère. Cet aspect de notre étude ne fera pas l'objet d'une enquête par questionnaire, mais d'une étude de cas, que nous développerons au point 3.2.2.

Pour comprendre la situation des entreprises, il faut sortir du cadre de la didactique des langues et entrer dans le domaine de la formation professionnelle (qui lui-même se situe dans le cadre plus large de la gestion des ressources humaines), afin de mieux cerner les enjeux que la formation représente.

Les entreprises ont l�obligation, depuis la loi du 31 décembre 1971, de consacrer à la formation de leurs salariés un certain pourcentage de leur masse salariale (1,5 % est aujourd�hui le pourcentage en vigueur). La formation est donc avant tout une obligation légale, mais n�en reste pas moins un outil fondamental pour les entreprises. Le minimum légal est en effet souvent dépassé : en 1991 la moyenne nationale s�élevait à 3,2 % de la masse salariale des entreprises, et plus de 5 % pour les entreprises employant plus de 2000 salariés.

Comme le montre M. Blin (La Formation Professionnelle, Cahiers Français n� 262, 1993), les enjeux, au niveau d�une entreprise, se mesurent au niveau de la compétitivité. C�est en effet un moyen de disposer d�une main d�oeuvre à la fois motivée et flexible, adaptée aux besoins de l�entreprise. La formation prépare à la nouveauté, et permet de combattre la résistance au changement qu'opposent, parce que tout changement peut remettre en cause l'ordre établi, les individus souhaitant conserver leur pouvoir et la légitimité qui l�accompagne.

Les enjeux de la formation se retrouvent également au niveau plus général de l�emploi. En permettant à des personnes d�acquérir de nouveaux savoirs et de nouvelles compétences, la formation, déjà synonyme d�insertion professionnelle, devient synonyme d�évolution de carrière ou tout simplement de continuité de la vie professionnelle. Cette vision fait bien apparaître le rôle de la formation professionnelle par rapport à celui de la formation initiale. Que l�on parle d�échec de la formation initiale, ou que l�on remette en cause son rôle d�insertion professionnelle, il n�en reste pas moins, comme le montrent les efforts fournis en direction de l�apprentissage ou de la formation en alternance, que la formation professionnelle a plus que jamais un rôle déterminant à jouer. Quel que soit le niveau de formation initial obtenu, il ne pourra désormais suffire à répondre à des exigences accrues en terme de qualification et de compétitivité.

Pour être efficace, la formation doit cependant être utilisée à bon escient. D'abord parce qu'elle coûte cher aux entreprises (précisons que le salaire des stagiaires entre dans le calcul du coût de la formation), ensuite parce qu�elle doit être utile (donc permettre d�atteindre les objectifs que s�est fixés l�entreprise), enfin parce que, mal utilisée, la formation peut avoir des conséquences néfastes. Ayant pour rôle d'adapter les besoins de l'entreprise aux ressources dont elle dispose, c'est une variable qui doit être intégrée tôt, sans attendre que l'urgence nécessite son intervention. Le cas précis des langues étrangères est significatif à cet égard, car s'il est possible de se former à l'utilisation d'un logiciel informatique en une matinée, il n'en va pas de même pour une langue étrangère. Il reste que l'urgence est parfois inévitable, et la solution apparaît alors souvent sous la forme d'une formation intensive et individuelle.

D. Pemartin (Enjeux et dangers de la formation, Revue Personnel n� 333, juin 1992) nous met cependant en garde : la formation ne doit pas être appréhendée comme une recette miracle. Elle ne résout pas tous les maux, et peut même les aggraver si les causes véritables (démotivation, mauvais climat social, organisation désuète...) n'ont pas été prises en compte. La formation ne doit donc pas être un mythe. Quand elle apparaît comme une "ultrasolution" elle recèle des effets pervers cachés (complication des jeux de pouvoir, démotivation des salariés si les compétences nouvellement acquises ne peuvent être utilisées, etc.).

Toujours selon D. Pemartin, quelques pistes de solutions sont à explorer : ne pas abuser des stages courts (car certains stages ne sont utiles que s'ils modifient de manière significative les comportements et les représentations), développer les formations-action (où les connaissances peuvent sur-le-champ être utilisées), élaborer une réflexion sur la méthodologie de l'évaluation de la formation (la formation n'est évaluée le plus souvent qu'à chaud, élément le plus subjectif qui soit, puisqu'il est tributaire de l'ambiance du groupe et des relations qui se sont établies avec le formateur), ou encore analyser les besoins attentivement, en tenant compte des tâches réelles du personnel. Ce n'est pas à un organisme de formation de dicter à l'entreprise ce qu'elle doit faire, c'est à lui de s'adapter aux attentes du client.

Le choix qui se pose, à cet égard, est celui d'internaliser ou d'externaliser la formation. On peut considérer que les cours de langue, pour revenir au sujet qui nous préoccupe, sont essentiellement réalisés par des organismes externes de formation. Il arrive cependant que de grandes entreprises recrutent un enseignant, qui est alors complètement intégré à l'entreprise, qu'il connaît bien et dont il peut plus facilement évaluer les besoins. L'entreprise Degrémont, société d'ingénierie, filiale du Groupe Lyonnaise des Eaux, a ainsi recruté en 1991 un professeur d'anglais, qui assure des formations, au siège de la société ou dans certaines filiales, et aide également le service communication dans certaines tâches, de traduction notamment. L'enseignante, Sheryl, assure différents types de formation, collectives ou individuelles, dont des cours par téléphone, et des déjeuners-formation. Bien que maîtrisant le français, elle ne s'exprime qu'en anglais, sa langue maternelle, et le simple fait de déjeuner avec elle, même en dehors du cadre d'un déjeuner-formation, oblige les convives à pratiquer l'anglais.

Après cette mise au point sur les enjeux et les caractères de la formation professionnelle, on comprend peut-être mieux que les entreprises n'hésitent pas à faire l'investissement nécessaire à la mise en place de cours particuliers (qu'il serait plus juste de désigner sous le terme de formations individuelles). La flexibilité, le caractère pragmatique et ponctuel qu'offrent ce système sont tout à fait adaptés à leurs besoins.

 

2.2. Au niveau de l'enseignement

2.2.1. Pourquoi donne-t-on des cours particuliers ?

Nous avons déjà évoqué un certains nombres d'hypothèses pouvant conduire un enseignant, qu'il s'agisse d'un enseignant professionnel ou non, à donner des cours particuliers entrant dans un cadre informel (voir les points 1.2.1, pages 9-10 et 1.2.2, page 11). Outre des avantages matériels (revenu supplémentaire, flexibilité des horaires, un réseau de contact souvent facilité par les petites annonces), nous avons évoqué le fait que donner des cours particuliers permettait d'acquérir une expérience, et d'enrichir ses propres compétences au regard de la langue enseignée.

Enfin, de même qu'il peut exister de véritables "consommateurs" de cours particuliers, nous émettrons également l'hypothèse selon laquelle il existe également des "professionnels" des cours particuliers, n'hésitant pas à diversifier leurs domaines d'enseignement.

à HE1 : les cours particuliers représentent une importante source de revenus.

à HE2 : le paiement des cours informels s'effectue au coup par coup.

à HE3 : les cours peuvent facilement être reportés ou annulés.

à HE4 : l'enseignant et l'apprenant entrent en contact par recommandation ou grâce au système des petites annonces.

à HE5 : donner des cours particuliers de langue étrangère permet à l'enseignant d'enrichir ses propres compétences dans cette langue.

à HE6 : certains enseignants particuliers ne se limitent pas à un seul domaine d'enseignement.

 

2.2.2. Comment et jusqu'où faut-il personnaliser l'enseignement ?

La personnalisation de l'enseignement n'est pas une chose aisée à mettre en place. Si l'apprenant a des attentes très précises, l'enseignant peut parfois se retrouver en position de simple exécutant. On peut par exemple attendre d'un enseignant particulier une aide pour rédiger un rapport ou une correspondance dans une langue étrangère, sans vouloir un "cours".

Si l'enseignant particulier est face à un apprenant qui a choisi de recourir à lui de manière complémentaire à un autre enseignement (l'école, par exemple), la situation n'est pas plus confortable. L'enseignant doit-il imposer sa vision des choses, en prenant le risque de semer le trouble dans l'esprit de l'apprenant, ou doit-il se plier aux attentes de l'apprenant ? Ne risque-t-il pas alors, si l'apprenant est scolarisé, de tomber dans le piège de l'aide aux devoirs ?

C'est là tout le rôle de la définition négociée des besoins, des objectifs et des contenus, qui peut se réaliser sous la forme d'un entretien préalable, ou au fil des cours. Nous ne rentrerons pas dans les détails de la problématique de la définition des besoins, nous soulignerons simplement la difficulté pour l'enseignant particulier de gérer une situation d'enseignement/apprentissage mixte, et plus précisément, car c'est de cela dont il s'agit souvent, de gérer la complémentarité d'un enseignement particulier vis-à-vis d'un enseignement scolaire collectif traditionnel.

à HE7 : il est plus difficile qu'on ne le pense de personnaliser un enseignement.

à HE8 : l'enseignant doit éviter de tomber dans le piège de "l'aide aux devoirs".

à HE9 : les cours informels représentent souvent un complément d'apprentissage.

à IE1 : l'enseignant accorde-t-il un entretien préalable à ses apprenants, au cours duquel des contenus ou des objectifs sont définis ?

A cet égard, il serait pertinent de se demander quelles sont, parmi les quatre compétences qu'il est d'usage de distinguer (compréhension écrite/orale, expression écrite/orale), celles qui sont le plus fréquemment abordées dans un enseignement particulier de langue étrangère. Prenons en effet le cas concret d'un élève de terminale faisant appel à un enseignant particulier d'anglais, dans l'optique d'augmenter ses chances d'obtenir son baccalauréat. Supposons que l'épreuve d'anglais soit une épreuve écrite. Si l'enseignant veut coller à l'objectif, il va devoir insister sur l'écrit, au point parfois de devoir réduire l'oral à néant. En cela, il n'agira probablement pas différemment de l'enseignant exerçant en milieu scolaire, qui même s'il voulait donner une place réelle à l'oral, devrait encore résoudre le problème des classes surchargées.

Les enseignants particuliers, professionnels ou non, exerçant en milieu scolaire ou pas, sont souvent conscients des problèmes posés au sein de l'école, et les cours particuliers peuvent, à cet égard, apparaître à leurs yeux comme la seule manière de répondre efficacement aux beoins précis d'un individu.

à IE2 : quels sont les aspects traités dans le cours ?

à IE3 : l'enseignant s'exprime-t-il dans la langue cible ?

à HE10 : les cours particuliers peuvent apparaître à certains enseignants comme la seule solution efficace pour répondre aux besoins précis d'un apprenant.

Les interrogations relatives à la méthode employée, que nous avons déjà soulevées du point de vue de l'apprenant, se retrouvent ici, à la lumière de la problématique de la personnalisation de l'enseignement. L'enseignant fournit-il le matériel utilisé (ce qui peut supposer qu'il choisisse certains supports en fonction des centres d'intérêt de son apprenant) ou se contente-t-il d'utiliser le matériel dont l'apprenant dispose déjà ? Le fait que l'apprenant dispose d'un support de prise de notes réservé à l'enseignement particulier est également révélateur de la manière dont l'enseignant aura choisi de gérer une éventuelle situation d'enseignement/ apprentissage complémentaire.

à IE4 : l'enseignant utilise-t-il son propre matériel ou le matériel de l'apprenant ?

à IE5 : quel type de support l'enseignant utilise-t-il ?

à IE6 : l'apprenant a-t-il un cahier ou un support équivalent spécialement réservé au cours particulier ?

On retrouve également les interrogations dégagées du point de vue de l'apprenant concernant l'évaluation. Le problème est de savoir si l'enseignant prend à sa charge une partie de l'évaluation, ou s'il fait le choix d'une "évaluation externe".

à IE7 : l'apprenant a-t-il des tâches personnelles à effectuer d'un cours à l'autre ?

à IE8 : l'enseignant procède-t-il à une évaluation de ses apprenants, si oui de quel type ?

à IE9 : l'enseignant a-t-il le sentiment que les cours permettent à l'apprenant d'atteindre les objectifs qu'il s'est fixés ?

 

2.2.3. A quel type de problèmes se heurte-t-on ?

Parmi les problèmes auxquels peut se heurter un enseignant particulier, nous venons d'évoquer celui de l'individualisation de l'enseignement, qui se pose plus particulièrement dans le cas d'une situation mixte, où l'enseignant particulier peut parfois se retrouver en porte-à-faux. Il existe d'autres difficultés, dont certaines ont déjà été évoquées. Ainsi, lorsque l'on passe plusieurs heures par mois ou par semaine, et parfois par jour, en tête-à-tête avec un apprenant, il est primordial de bien s'entendre avec ce dernier. En outre, l'enseignant se retrouve dans une position où il doit fournir pour une seule personne quasiment le même travail que pour tout un groupe, sans pouvoir bénéficier des interactions qu'il peut créer au sein de ce groupe. Si l'on combine ces deux derniers facteurs, on peut émettre l'hypothèse que l'enseignant puisse parfois se sentir démotivé, ou du moins qu'il puisse se sentir davantage motivé, c'est-à-dire qu'il ait envie de s'impliquer davantage, en présence d'un groupe.

à IE10 : quelles sont les principales difficultés auxquelles l'enseignant particulier se heurte ?

à HE11 : un enseignant se sent davantage motivé par un groupe que par un seul individu.

à HE12 : il est primordial pour l'enseignant de bien s'entendre avec l'apprenant.

De bons rapports avec l'apprenant peuvent renfermer un "revers de la médaille", comme nous avons l'avons souligné lors de l'étude du point de vue de l'apprenant. De bons rapports étant indispensables, il arrive parfois que l'enseignant particulier, qui peut en outre avoir la volonté de se "démarquer" d'un enseignant traditionnel, développe des rapports trop personnels avec l'apprenant, qui, s'il est jeune, pourra avoir tendance à profiter de cette liberté. Le problème qui se posera alors du point de vue de l'enseignant sera alors une certaine perte d'autorité.

Un autre aspect de l'intimité de ces rapports est constituée par le lieu des cours. Il arrive effectivement fréquemment que l'enseignant se déplace au domicile de l'apprenant, le cours a donc lieu dans le cadre du foyer, parfois même dans la chambre de l'apprenant, ce qui peut être vécu par ce dernier, ou par l'enseignant lui-même, comme une véritable intrusion dans la vie privée.

à HE13 : le rapport avec l'apprenant manque parfois d'une certaine distance.

à IE11 : où se déroulent les cours ?

Nous émettrons une dernière hypothèse concernant les résultats obtenus par l'apprenant. Si l'on considère l'investissement nécessaire à la mise en place d'un enseignement particulier (nous testerons également l'hypothèse selon laquelle les cours particuliers, qu'il s'agisse d'un cours particulier informel ou d'une formation individuelle en entreprise, sont chers), on est en droit d'attendre un "retour sur investissement". L'enseignant a donc une obligation de résultat forte, probablement plus forte que dans une situation d'enseignement collectif, où certains échecs individuels peuvent paraître inévitables.

à HE14 : l'enseignant a une obligation de résultat plus importante que dans une situation de groupe.

à HE15 : les cours particuliers sont chers.

Enfin, nous interrogerons les enseignants particuliers, au moyen de questions ouvertes, sur ce qu'ils pensent être les principaux avantages et les principaux inconvénients du système des cours particuliers, et nous leur laisserons la parole s'ils désirent faire quelque commentaire ou remarque que ce soit. Nous testerons également auprès d'eux l'hypothèse que nous avons déjà émise, selon laquelle les enseignants particuliers n'ont pas toujours la qualification requise pour ce type de tâche.

à HE16 : certains s'improvisent enseignants particuliers mais n'ont pas la qualification requise.

à IE12 : quel est le principal reproche qu'un enseignant ferait au système des cours particuliers ?

à IE13 : quel est le principal avantage de ce système ?

à IE14 : l'enseignant souhaite-t-il faire des remarques ou des commentaires, apporter des précisions par rapport à sa situation, nous communiquer une anecdote, etc. ?


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