Les difficultés de l’enseignement linguistique au Pakistan

Les spécialistes de l’éducation sont de plus en plus préoccupés par les problèmes éducatifs et linguistiques de la région du Sindh, au Pakistan. Dans ce pays, de nombreuses langues sont largement employées. Mais de l’avis de certains, la piètre qualité de l’enseignement linguistique porte atteinte à celle de l’enseignement en général, car une mauvaise maîtrise des langues empêche les étudiants de tirer le maximum de leur apprentissage. Dans cette région, la langue la plus utilisée dans la vie courante comme dans les salles de classe est le sindhi. Le principal problème est que la plupart des organisations non gouvernementales qui participent à l’enseignement des enfants pauvres de cette région rechignent à employer cette langue locale.

Bien que la plupart des ONG n’aient jamais tenté d’enseigner en anglais, certaines d’entre elles, telles que la Fondation des Citoyens ont choisi de dispenser la plupart de leurs cours en Ourdou, l’autre langue prédominante dans cette région. Cette approche, au départ largement encensée, semble en définitive avoir des effets indésirables : les enfants recevant un enseignement en Ourdou se mettent à mépriser le Sindhi. Si cette stigmatisation continue de s’installer, il est à craindre que cette langue tombe rapidement en désuétude.

L’anglais garde évidemment une place de la plus haute importance, à tel point qu’apprendre l’anglais est bien souvent un levier déclencheur de l’ascension sociale. S’il n’est pas utilisé systématiquement par les ONG, c’est parce qu’il ne leur est pas possible de fournir à chaque école des enseignants anglophones compétents. La plupart de ces organisations ont fini par conclure qu’il serait défavorable aux étudiants de recevoir un enseignement dans une langue que leur professeur ne maîtriserait pas totalement.

Ce problème de préjugés envers une langue locale peut sembler étrange aux européens, mais il faut savoir qu’il s’agit d’un problème sérieux dans un pays comme le Pakistan, où les critères d’inégalités sociales sont nombreux. De l’extérieur, on peut croire que la division sociale prend racine principalement dans des critères religieux ou ethniques ; cependant, le langage est un autre facteur-clé qui détermine les relations entre les différentes sections de la population pakistanaise. Le professeur Iftikhar Dadi a récemment souligné ce fait lors d’une projection cinématographique à l’Université de Syracuse.

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