N’ayons pas peur des mots

L’Académie française et les gouvernements successifs (on se souvient de la loi Toubon de 1994, toujours en vigueur) se sont longtemps érigés comme des remparts contre les emprunts étrangers qui menaçaient, disait-on, la langue française. On imposait donc des traductions, avec plus ou moins de bonheur. Si certains équivalents sont passés dans l’usage courant, d’autres, arrivant sur le tard ou par trop maladroits, n’ont jamais été adoptés. Mais il semblerait qu’aujourd’hui le ton change. A la veille de la semaine de la francophonie, la ministre de la Culture Fleur Pellerin, elle-même trilingue (français-anglais-allemand) et spécialiste des nouvelles technologies, a insisté sur le fait que le français n’était pas en danger, et qu’une langue était toujours en mouvement. Les linguistes ne la contrediront pas. Dans “L’aventure des mots français venus d’ailleurs”, Henriette Walter précise que le français a emprunté aux langues germaniques anciennes, à l’arabe, aux langues régionales, à l’italien, à l’espagnol, au portugais et à l’anglais. Les autres langues ont également emprunté au français, et certains mots font même des allers-retours, comme “challenge”, que l’anglais a emprunté au français au Moyen Âge.

Quand on s’essaye à pratiquer une langue étrangère, on peut parfois avoir peur de se jeter à l’eau. Pour se donner un peu de courage, rien de tel qu’un petit verre d’alcool ! Plusieurs études ont ainsi montré qu’en étant désinhibé, on était plus enclin à mieux prononcer une langue étrangère. Une méthose à utiliser avec modération, évidemment, car après plusieurs verres c’est l’articulation qui devient hésitante.

Cette enseignante et artiste colombienne n’a pas eu peur non plus de modifier son prénom et son nom en profitant d’un vide juridique. Elle s’appelle désormais ABCDEFG HIJKLMN OPQRST UVWXYZ, comme l’alphabet. Tout à fait imprononçable, que l’on soit sous l’effet de l’alcool ou non !

Leave a Reply

Your email address will not be published.