L’enseignement de l’arabe à l’école divise

L’enseignement de l’arabe à l’école a fait couler beaucoup d’encre récemment, suite à la publication d’un rapport intitulé La fabrique de l’islamisme, qui préconise de relancer l’apprentissage de la langue arabe par le biais de l’Éducation nationale, car “les cours d’arabes dans les mosquées sont devenus pour les islamistes le meilleur moyen d’attirer des jeunes dans leurs mosquées et écoles”. Pour Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, ce constat est une évidence, et il confirme sa volonté de développer l’enseignement de l’arabe dès le primaire, sans toutefois le rendre obligatoire. Comme à chaque annonce de ce type, les réactions sont prévisibles. Les uns défendent la place que devrait occuper cette “grande langue de civilisation”, Jack Lang allant jusqu’à dénoncer une situation pitoyable, et les autres y voient un risque d’islamisation de la France.

Pour Hakim El Karoui, auteur du rapport cité ci-dessus, la bataille qui se joue est une bataille de la connaissance. “A l’école, l’élève aura un point de vue différent de celui qu”il peut entendre à la mosquée grâce à un éclairage historique et anthropologique.” Soit, encore faut-il que les enseignants ne cèdent pas à la tentation du prosélytisme, comme le craint Tamurt.info, journal kabyle, pour qui “la langue arabe et l’islam sont les deux faces d’une même pièce”.

Il semble donc qu’il soit difficile aujourd’hui de parler de l’arabe sans parler de l’islam, comme de parler de l’islam sans parler de terrorisme. C’est ce que déplore Fatima Ouassak, qui, tout en reconnaissant que l’arabe est une “langue anxiogène”, pense que l’apprentissage des langues maternelles à l’école (arabe, peul et autres) permettrait de revaloriser ces langues, souvent stigmatisées, et d’en faire des atouts sur le marché du travail.

Mais après tout pourquoi apprendre l’arabe, alors qu’on connaît déjà une foule de mots sans toujours en être conscient. Dans son livre Nos ancêtres les Arabes, ce que notre langue leur doit, Jean Pruvost, professeur de lexicologie et d’histoire de la langue française, retrace l’histoire de 400 termes empruntés à l’arabe, qui est la troisième langue à laquelle le français a le plus emprunté, après l’anglais et l’italien. “De la tasse de café à l’orangeade, de la jupe de coton au gilet de satin, de l’algèbre à la chimie ou aux amalgames, à propos de la faune, de la flore, des arts, des parfums, des bijoux, de l’habitat, des transports ou de la guerre, nous employons chaque jour des mots empruntés à l’arabe.”

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