Interview avec Yannick Marchegay

Yannick Marchegay, alias kokoyaya sur le forum et le chat, est présent sur tous les fronts : webmaster de la version espagnole de Freelang, auteur de deux dictionnaires d’espagnol spécialisé, inscrit comme traducteur et modérateur sur le forum et le chat de Freelang.

Propos recueillis par Beaumont
Interview publiée le 6 janvier 2004

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Yannick, comment s’est passée ta rencontre avec Freelang et comment en es-tu arrivé à participer à tous les domaines du site ?

Ben en fait, je m’en souviens assez mal. Mon père a dû trouver et me donner l’adresse du service Traduction de Freelang. Je m’y suis immédiatement inscrit puis j’ai appris l’existence du forum et y suis devenu très actif assez vite (le tout a dû se passer en une semaine).

Tu es traducteur, récemment diplômé. Quelle formation as-tu suivie ?

Après un bac littéraire (options grec ancien, occitan et anglais renforcé), j’ai suivi la filière LEA (Langues étrangères appliquées) en anglais et espagnol. J’ai appris que j’avais l’occasion de partir à l’étranger pour ma licence et j’en ai profité pour aller étudier à Huesca (en Aragon). Licence en poche, je suis parti à Bradford (West-Yorkshire) pour ma maîtrise.
Je prévoyais ensuite de passer un semestre à l’université de Genève, très réputée pour sa filière traduction-interprétation, mais j’ai tout de même tenté le concours d’entrée au DESS de traduction de Toulouse (je souhaitais intégrer cette formation depuis l’âge de 16 ans). J’ai été reçu au concours et j’ai décidé de ne pas tenter le diable en partant à Genève. Je suis donc resté à Toulouse et ai suivi les cours du DESS de Toulouse : cours d’octobre à mars et stage en entreprise d’avril à août. Depuis ma soutenance (mi-octobre), je suis donc chômeur diplômé en traduction.

Trouve-t-on facilement du travail quand on est jeune traducteur ? Quelles sont les principales difficultés ?

Pour mieux répondre à la question, il faut savoir qu’il y a principalement deux types de traducteurs : ceux qui travaillent en entreprise et ceux qui travaillent en indépendant, à la maison.
Il y a pas mal de travail pour les traducteurs compétents indépendants mais il faut de l’expérience. Pour avoir de l’expérience, il n’y a pas de secret : il faut travailler en entreprise (mais peu embauchent).
En clair, c’est le cercle vicieux (mais je crois que c’est pour tous les métiers pareil) : il faut de l’expérience mais personne ne veut en donner…

Quels conseils donnerais-tu à ceux qui souhaitent devenir traducteurs ? Quelles sont les qualités requises ?

C’est un métier qui requiert de nombreuses qualités : une grande ouverture d’esprit (la curiosité est très importante) et la capacité à se remettre sans cesse en question (c’est d’ailleurs ce qui m’a posé le plus de problèmes).
Les conseils que je peux donner à ceux qui souhaitent devenir traducteurs, c’est d’essayer d’apprendre une ou plusieurs langues rares et de se forger une spécialité (des traducteurs “généralistes” anglais-français et espagnol-français, il y en a à la pelle : il faut sortir du lot).

On imagine souvent les traducteurs travaillant seuls, enfermés dans une bibliothèque au milieu de leurs dictionnaires. Est-ce que le métier ressemble à ça ?

Pour les traducteurs salariés, la question ne se pose pas trop mais il est vrai que cela peut ressembler à quelque chose comme ça pour les indépendants. C’est là qu’interviennent des associations comme la SFT (Société française des traducteurs) qui organisent régulièrement des réunions (c’est tout au moins le cas dans la délégation Sud-Ouest) sur des thèmes qui touchent de près les préoccupations des traducteurs (mais également pour réunir ceux qui ont tendance à travailler plutôt seuls).
Les forums et les listes de discussion jouent également un rôle très important.

Quelles langues maîtrises-tu et comment les as-tu apprises ?

L’anglais, l’espagnol et le grec ancien par la voie académique, l’occitan (deux ans au lycée, mais j’ai presque tout perdu par manque de pratique). Un de mes plus grands regrets est de ne pas avoir pris une troisième langue à la fac.

Est-ce que tu continues à apprendre de nouvelles langues ?

Je suis en train de me mettre au breton (ça n’avance pas trop mal, j’ai une excellente professeur) et j’ai en projet d’attaquer le roumain et le grec moderne. Ensuite, j’avoue qu’une langue scandinave ne me laisserait pas indifférent.

Apprendre une langue régionale, en quoi est-ce un atout ?

Du point de vue linguistique, toute langue est un atout : on apprend beaucoup plus facilement une langue quand on en connaît d’autres.
Ensuite, il y a bien sûr d’autres motivations : je suis amoureux fou de la Bretagne et de la culture bretonne ; il va donc sans dire qu’apprendre la langue est un atout pour mieux connaître encore cette région.
Ceci dit, du point de vue strictement économique, je doute que cela ait un grand intérêt pour les traducteurs.

Je sais que tu es musicien, de quel instrument joues-tu ?

Oula, vaste question…
Sorti du collège, la flûte me manquait, j’ai donc “volé” celle d’une cousine qui n’arrivait pas à en sortir plus de deux sons. J’en ai sorti rapidement trois. Encouragé par ce succès, je la lui ai empruntée quelque temps. J’ai eu ensuite l’occasion d’acheter une guitare puis je me suis mis au sax (alto). J’ai ensuite profité de mon séjour en Espagne (Huesca) pour apprendre à construire et jouer de la cornemuse aragonaise et de la dulzaina (hautbois traditionnel, espèce de bombarde aragonaise au son un peu plus velouté) puis d’acheter une cornemuse galicienne (qui ne sort malheureusement pas trop de l’étui). Toujours en Espagne, j’ai trouvé une excellente occasion de clarinette, que j’ai fait restaurer et deux violons (un entier et un 3/4). Les violons restent également souvent dans leur étui mais la clarinette fait des sorties de plus en plus fréquentes.
Depuis mon retour à Toulouse, au grand dam de mes parents, je me suis également mis à la bombarde à Breizh en Oc (une association culturelle bretonne sur Toulouse où se mêlent danse, musique et chants traditionnels) et j’ai en projet d’acheter une flûte traversière irlandaise (le son est magnifique).

As-tu d’autres hobbies ?

C’est bien là le problème : j’en ai plein (voire trop) ! L’astronomie, depuis mon séjour en Espagne, l’aéromodélisme, que j’ai mis un peu de côté par manque de temps en ce moment, Linux depuis peu (et l’informatique en général), la cuisine, la calligraphie. Je participe également au projet de traduction de Linux et suis en train de mettre en place une interface (site + forum) pour réunir les anciens étudiants du DESS de traduction de Toulouse (dont je suis issu). J’ai une horloge interne très conciliante, ça aide beaucoup…

Faisons le point de tes activités sur Freelang. Tu participes au service d’aide à la traduction, comment qualifierais-tu cette expérience ?

Très enrichissante. En fait, je n’ai été que peu sollicité et dans l’immense majorité des cas, tout s’est très bien passé.
Ceci dit, au niveau enrichissement personnel, je préfère de loin le forum car il y a confrontations d’avis et c’est comme ça qu’on arrive à de bons résultats et qu’on progresse en traduction.

Tu es également l’auteur de deux dictionnaires d’espagnol spécialisé, musique et astronomie. D’autres projets sont-ils en cours ?

J’aimerais beaucoup faire un dictionnaire espagnol de l’informatique et un dictionnaire anglais de la musique. Quand ce sera fait, d’autres projets me viendront certainement…

Peux-tu nous présenter en quelques mots la version espagnole de Freelang ?

Pour l’instant, ce n’est autre que certaines parties du site français traduites en espagnol : les dictionnaires, bien sûr, mais également la base de polices.
Le forum Freelang compte également une section en espagnol et il arrive de plus en plus souvent que le chat devienne en partie hispanophone.

Le site reçoit-il beaucoup de visiteurs ?

En quelques semaines, la fréquentation quotidienne a rapidement atteint les 200 visiteurs uniques (avec un record à 423 fin-septembre). Je table sur 500 visiteurs uniques avant la fin de l’année (ah, les bonnes résolutions…).

Quels sont tes projets par rapport à ce site ?

Une base de liens digne de ce nom et une partie magazine. Peut-être un jour un service traduction en espagnol mais ce n’est pas pour tout de suite…

Tu es également modérateur sur le forum et sur le chat. Qu’est-ce que ces deux outils apportent au site, et qu’est-ce qu’ils t’apportent personnellement ?

Ces deux outils sont, à mon sens, les membres supérieurs de Freelang : Freelang avançait déjà sans mais ils dynamisent encore plus au niveau des membres. Les visiteurs un peu découragés de ne pas trouver des informations viennent sur le chat (problèmes d’installation du dictionnaire, demande de traduction). On aide dans la mesure de nos compétences et on aiguille vers l’outil ou la personne en question si on ne peut pas aider.

D’où vient le pseudo que tu utilises sur le forum et sur le chat, “kokoyaya” ?

En fait, c’est très simple : j’ai fait partie d’un trio de musique bretonne appelé Korrigan (lutin de la forêt de Brocéliande), ce qui a donné par redoublement de la première syllabe “koko”. Mon prénom est Yannick, ce qui a donné “yaya”. Ensuite, l’équation koko + yaya est simple à résoudre…

De toutes ces activités sur Freelang (auteur, traducteur, animateur, webmaster…!), laquelle préfères-tu et pourquoi ?

Je ne sais pas si j’ai une préférence pour une, c’est un tout. Être auteur de dictionnaire est très formateur ; être traducteur bénévole ne me coupe pas l’herbe sous les pieds car c’est un service réservé aux particuliers qui, de toute manière, n’auraient jamais fait appel à un professionnel ; animateur (sur le chat et le forum) oblige à se remettre en question sans cesse et m’a permis de faire des rencontres pour le moins intéressantes (tant au point de vue professionnel que personnel) ; webmaster m’a fait rebosser l’HTML (que je commençais à oublier) et l’espagnol.

D’une manière générale, aurais-tu un message à faire passer aux utilisateurs de Freelang ?

Apprenez des langues, aidez les autres quand vous pouvez, apprenez des autres le reste du temps et vous serez un bon Freelanguien.

Que peut-on te souhaiter pour 2004 ?

Ben peut-être de trouver du travail, pour commencer, de trouver un petit moment pour aller dans ma Bretagne chérie et pour le reste, que tout continue comme ça a commencé.

Merci Yannick 🙂

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