L’origine des accents régionaux

Qu’est-ce qu’un accent ? Une respiration, une intensité particulière, une position de la langue, un rythme, un souffle, une différence de prononciation d’une région à une autre par rapport à un même mot dont l’écriture est identique. Les accents sont des déviations par rapport à une norme, repérables à certains traits phonétiques suffisamment saillants pour qu’ils puissent être reconnus et caractérisés.

Mais un accent, c’est avant tout un signe identitaire. Un accent est donc un thème parfait pour parler de nous, d’où nous venons et qui nous sommes. C’est un prétexte pour évoquer nos régions, nos souvenirs et nos racines.

Un accent, c’est aussi une distinction d’ordre social, éducatif et culturel. L’accent, composant du langage, a beaucoup plus d’influence qu’on ne pourrait le penser. Le choix des mots et du message est important et celui de l’accent et de l’intonation l’est tout autant. C’est pourquoi, en politique par exemple, certains accents dominent sur d’autres. Dans le cas de la France, les accents du midi, les accents picards ou du reste de la France sont dominés par l’accent dit “neutre”, celui de la région parisienne, présent dans les strates politiques. Ces élites intellectuelles définissent la façon dont il faut parler et dont il faut écrire. Les intonations sont travaillées, l’accent est neutre, une norme est mise en place.

En effet, selon une étude de Howard Giles, professeur de communication à l’Université de Santa Barbara en Californie, un message prononcé avec un accent socialement prestigieux sera jugé d’une meilleure qualité que lorsqu’il est dit avec un accent socialement moins valorisé (populaire par exemple).

Pourquoi existe-t-il des accents ? En France, avant la Révolution, les Français parlaient diverses langues, certaines issues du latin (Occitan, Provençal…), d’autres non (Alsacien, Basque…). Après l’unification de la langue française dans tout le pays, il est resté dans la façon de parler de chacun une influence de ces langues perdues, en plus de certains régionalismes dans le vocabulaire.

L’accent est bien souvent malheureusement tout ce qui nous reste d’un héritage lié à une diversité passée, non seulement linguistique, mais aussi culturelle au sens large.

D’après certaines études (notamment Konrad Lorenz), ce phénomène ferait également partie d’un mécanisme global par lequel nous tendons à imiter les manières des gens que nous côtoyons (pas seulement l’accent, mais des expressions, des attitudes etc.). On peut supposer que ce mimétisme faciliterait l’intégration des individus.
 

Pour conclure sur ce sujet en toute légèreté, je vous propose de découvrir un magnifique poème de Miguel Zamacoïs (1866-1955) intitulé “L’accent”.

De l’accent! De l’accent! Mais après tout en-ai-je?
Pourquoi cette faveur? Pourquoi ce privilège?
Et si je vous disais à mon tour, gens du Nord,
Que c’est vous qui pour nous semblez l’avoir très fort
Que nous disons de vous, du Rhône à la Gironde,
“Ces gens là n’ont pas le parler de tout le monde!”
(…)
Ceux qui n’ont pas d’accent, je ne puis que les plaindre!
Emporter de chez soi les accents familiers,
C’est emporter un peu sa terre à ses souliers,
Emporter son accent d’Auvergne ou de Bretagne,
C’est emporter un peu sa lande ou sa montagne!
(…)
Avoir l’accent enfin, c’est, chaque fois qu’on cause,
Parler de son pays en parlant d’autre chose!…

Vous pouvez lire l’intégralité du poème ou voir Fernandel le réciter dans cet enregistrement datant de 1951.

Delphine, pour Freelang

Leave a Reply

Your email address will not be published.